jeudi 28 octobre 2010

La blague du jour

Les célébrités Et Les jeunes Par Béchir BEN AICHA


Les célébrités intéressent les jeunes parce qu’elles représentent des idoles pour eux. Les jeunes peuvent avoir beaucoup de passe-temps. Par exemple écouter ou jouer de la musique, pratiquer un sport et aller au cinéma. Donc ils se font beaucoup d’idoles qu’ils adorent. Ainsi beaucoup de jeunes veulent être riches, tellement riches qu’ils arrivent à acheter tout ce qu’ils veulent. Normalement les célébrités habitent dans de grandes maisons avec une piscine. Les jeunes adorent le mode de vie des célébrités. D'ailleurs beaucoup des jeunes lisent les magazines qui parlent des célébrités car ils aiment cancaner sur elles avec leurs amis. Cela peut-être divertissant pour les jeunes.

L’influence des ces célébrités est considérable. Elle a beaucoup d'avantages et d'inconvénients. Le côté positif dans le fait que les jeunes s'intéressent aux célébrités est qu’ils apprennent à faire de bonnes actions. Par exemple en ce qui concerne la protection de l’environnement. Si les associations écologiques utilisent une célébrité dans sa publicité les jeunes imiteront leurs idoles et protègeront l’environnement. De plus, les célébrités peuvent inspirer aux jeunes des ambitions. Pour certains jeunes leur but dans l’avenir est d’être musicien pour être comme sa célébrité favorite. C’est l’exemple de Noél Gallagher ou Elton John. C’est bon pour les jeunes d’avoir des ambitions.


Cependant certaines célébrités sont de mauvaises idoles. Les célébrités peuvent être malpolies et malhonnêtes. Dans ce cas, elles ont une mauvaise influence sur les jeunes. Il y a par exemple quelques célébrités qui sont alcooliques ou toxicomanes. Nous savons que l’alcool est mauvais pour la santé. Donc les célébrités peuvent avoir une mauvaise influence sur les gens, surtout sur les jeunes. En plus l’attachement obsessionnel des jeunes aux célébrités peut leur être préjudiciable parce qu’ils peuvent apprendre à agir d’une mauvaise manière. En effet, les jeunes veulent imiter les célébrités, et comme cela leur personnalité peut changer négativement. En plus, les informations rapportées dans les magazines, concernant ces célébrités peuvent être fausses et inventées de toute pièces.



En conclusion, la vie des célébrités est très intéressante, c’est pourquoi celles-ci attirent les jeunes qui, par conséquent, lisent beaucoup les magazines people parlant des vedettes. Mais il est important quand même que les jeunes sachent contrôler l’influence que ces célébrités peuvent avoir sur eux.
MERCI                        

mercredi 27 octobre 2010

Trafic d'organes

On voit, dans certains pays, prospérer des bureaux de placement d'organes. Des intermédiaires touchant d'énormes commissions se chargent du recrutement des donneurs dans es villages. Il s'agit pour la plupart de pauvres paysans, quand ce ne sont pas des enfants, forcés à vendre un rein, un oeil, et j'en passe, pour permettre à leur famille de survivre. Mutilés, ils ne reçoivent qu'une faible somme tandis que les intermédiaires vendent à prix d'or les organes "volés" à des receveurs prêts à mettre le paquet pour continuer à vivre.

L'ange de Mohamed Jarouih

Le grand portail s'ouvrit sans bruit. Le silence, l'atmosphère, qui régnaient ici étaient si denses qu'ils étaient presque palpables.

" Entre ! " dit une voix en lui, mais ses pieds ne semblaient pas répondre à sa volonté. Avait-il peur ? Non, c'était autre chose, c'était plus fort...

A ce moment il se rappela les discussions qu'il aimait tenir avec ses camarades Ali, Boubker et les autres, à la fac, sur le paradis et l'enfer... l'existence... Ils l'avaient classé athée, adepte
de Marx, Sartre et Camus, et menacé quelquefois.
Il n'avait jamais cru que ses camarades mettraient leurs menaces à exécution... C'était de simples discussions sur des propos plus hypothétiques, incertains, que philosophiques ou religieux...
Et puis il s'était passé plus de trente ans depuis.

Ali, qu'il avait rencontré ce matin même, n'était pas le plus puriste de la bande à l'époque. Il semblait plus souriant et avenant que les autres. Si bien qu'un jour Boubker (qui se prenait pour le gardien et le protecteur des livres et des écrits sacrés) lui fit remarquer qu'un bon fidèle doit s'abstenir de sourire tout le temps, parce que le sourire enlève à son porteur toute forme
de sérieux.

Boubker, Bob comme il aimait à l'appeler, suscitait son admiration par son aptitude à trouver des aphorismes adéquats à n'importe quelle situation, il admirait aussi la rapidité de ses
réponses, on dirait qu'il savait à l'avance la question qu'on allait lui poser. Quand il le voyait, Bob évitait toujours la confrontation, il le connaissait et semblait ne pas lui tenir rigueur
de ses idées libérales.
Mais si Boubker ne trouvait rien à lui dire, rien à puiser dans ses stocks de phrases toutes faites, stéréotypées, qu'il lâchait d'habitude avec tant de promptitude, c'est parce que parler à
un impie est pêché en soi.

Il se souvenait que ce matin il s'était réveillé, rasé, qu'il avait pris son petit déjeuner en famille avant d'accompagner ses enfants à l'école. C'est au moment où il s'apprêtait à remonter dans sa voiture, qu'il avait aperçu Ali.
Ali avec une longue barbe, une moustache rasée, habillé de longs haillons que recouvrait une jaquette de cuir noir. Il avait éclaté de rire en le voyant et lui avait lancé :
- Alors Ali, te voilà fait comme Marx ! Et Ali, avant de s'éloigner, s'était contenté de cracher vers lui.

A midi en sortant de son collège, il aperçut deux barbus à côté de sa voiture. De loin il reconnut Bob et Ali, " Ali est allé cher-cher du renfort " pensa-t-il.
Comme il abordait les deux hommes, Bob lui dit :
- J'ai toujours voulu te donner un message.
- De qui ?
- D'un ange...
Alors il sentit quelque chose lui piquer le cœur.

En ouvrant les yeux, il avait vu une lumière blanche qui l'obligea à les refermer.
- Entre ! Tu peux le voir mais ne lui parle pas, il dort encore. Il a eu de la chance, le poignard est passé juste à côté du cœur.
 

Les neuf célébrités de la mythologie

Les neuf célébrités de la mythologie

 Achille (Ἀχιλλεύς) : (Greece) Fils de Pélée, roi des Myrmidons et de la néréide, Thétis. Achille reste le plus flamboyant héros de la guerre de Troie. Invincible dès sa naissance parce que plongé dans le Styx, à l’exception du talon par lequel sa mère le tenait, Achille est l’idéal chevaleresque homérique par son courage et son sens de l’honneur. C’est la mort de son amant, Patrocle, qui le mena, par une rage douloureuse, à affronter Hector, le Troyen.

 

Bacchus : (rom) Fils de Jupiter, issu de la représentation grecque du dieu Dionysos, Bacchus chez les Romains était également la divinité du vin. On le représentait à la tête d'une bande de gais lurons composée des Bacchantes, des Ménades, de Pan, de Priape, des Satyres, des Silènes, des Thyades, etc. Son culte fut celui d'un dieu national et on l'honorait à titre de divinité champêtre et populaire.

 

Cupidon : (rom) Cupidon chez les Romains fut le petit dieu de l'Amour. Considéré comme un dieu créateur au cœur de la Théogonie d'Hésiode et chez les Orphiques, Cupidon constituait un élément primordial du monde. On lui accordait le statut de premier dieu, né de l'œuf originel, duquel seraient issus tous les autres dieux. Toutefois, ce statut se modifia autour du 6e siècle av. J.-C. Dieu de l’amour et de la passion, il incarna l’inspiration des artistes. Certains le considéraient comme le fils de Vénus et de Mars ou encore comme le fils d’Iris et du vent d'Ouest (Zéphyr). Il était l'équivalent d'Éros chez les Grecs.

 

Diane : (rom) Déesse de la chasse et de la forêt, la Diane des Romains ressemblait à la Déesse grecque Artémis. Deux importants sanctuaires lui furent consacrés, celui de Capoue, où elle portait le nom de Diana Tifatina, et celui d'Aricie, près de Rome, sur les rives du lac de Némi.

 

Ganymède [Γανυμήδης] : (gr) Ganymède, fils de Tros (fondateur de Troie) et de la nymphe Callirrhoé, petit-fils de Dardanos, était d'une beauté qui ravit Zeus. Évidemment, ne pouvant résister à l'appel de l'amour, ce dernier l'enleva et l'emporta dans l'Olympe pour en faire son amant et l'échanson des dieux. Il semble que cet enlèvement ne soit pas que mythique et qu'il ait réellement eu lieu. Le jeune Ganymède fut victime d'un rapt imputé à Tantale, roi de Lydie, et ce crime fut à l'origine d'une guerre terrible entre Troie et la Lydie, guerre qui s'acheva par une première grande défaite troyenne.

Hercule : (rom) Il serait l’équivalent romain du dieu grec Héraclès. Les Romains le rendirent célèbre dans un combat l’opposant à Cacus dont il triompha. Ils le reconnurent également pour sa volonté d’interdire les sacrifices sanglants. On le connut également pour les Douze travaux qu'on lui imposa et dont il sortit vainqueur.

 

Neptune : (rom) Fils de Saturne, frère de Jupiter et de Pluton, on l'identifiait au Poséidon des Grecs, mais dans la mythologie romaine, aucune origine ne lui est propre. Pour le soustraire à l'appétit meurtrier de Saturne, sa mère le fit passer pour un poulain qu'elle substitua à son fils et le donna à manger au dieu cruel. Neptune fut alors caché dans une bergerie d'Arcadie et reçut l'éducation réservée aux princes. Une fois adulte, il devint le dieu de la mer, des îles et des rivages.

 

Poséidon [Ποσειδῶν] : (gr) Fils de Cronos et de Rhéa, frère de Zeus et d'Hadès, Poséidon reçu le droit de régner sur l'univers aquatique lors du partage du monde. Symbolisé par le taureau et le trident, sa puissance était infinie et il commandait aux océans de même qu'il pouvait secouer la terre entière en provoquant des séismes gigantesques. Époux d'Amphitrite, fille de son oncle Océan, dont il ne gérait cependant pas le domaine, Poséidon était le père de plusieurs divinités : Triton (avec Amphitrite) ; Éole (avec Amé) ; Antée, Charybde, les Telchines (avec Gaïa) ; Bélos, Agénor (avec Lybie) ; Pégase, Chrysaor (avec Méduse) ; Protée (avec Phénice) ; Polyphème (avec Thoosa) ; Pélias, Nélée (avec Tyro), etc.

 

Zeus [Ζεύς] : (gr) Fils de Cronos et de Rhéa, il était le roi des dieux chez les Grecs et le maître absolu de la foudre. Son royaume était le ciel et il décidait du sort des dieux aussi bien que de celui des mortels. Rhéa sa mère, pour le soustraire à la voracité de Cronos, le fit élever en Crête par les Nymphes du mont Ida, au fond d'une grotte secrète de Lyctos. C'est la chèvre Amalthée qui se chargea de le nourrir et ce sont les Courètes qui couvrirent ses cris de nourrisson grâce à leurs danses guerrières. Une fois adulte, Zeus fit la guerre aux Titans et chassa son père du ciel pour régner à sa place. Ses frères Poséidon et Hadès héritèrent alors du royaume de la mer et du royaume des Enfers en partage avec lui. Représenté par un aigle, Zeus se maria avec sa sœur Héra. Séducteur impénitent, il engendra des dieux et des héros dans tout le monde antique. Il se métamorphosait sous les formes les plus variées afin de s'unir avec ses conquêtes amoureuses, aussi bien femelles que mâles.

dimanche 24 octobre 2010

Cé hOOO! Cé bOOO!

marvelous

Une Fable de Monsieur de la Fontaine






OURS POLAIRE: La magie de Disney




Nours: Ohhhhhhhhh le Math

samedi 23 octobre 2010

L'Etranger de Albert Camus : Résumé


Première partie

Meursault, le narrateur, est un jeune et modeste employé de bureau habitant Alger. Le récit commence le jour de la mort de sa mère. Au petit matin, il reçoit un télégramme de l'asile de vieillards de Marengo, situé à quatre-vingt kilomètres d'Alger lui annonçant son décès. Elle y séjournait depuis trois ans.
Meursault demande et obtient un congé de quarante huit heures et va déjeuner chez Céleste, un restaurant où il a l'habitude d'aller.
Vers deux heures de l'après-midi, il prend l'autobus. Il fait chaud, Meursault dort pendant presque tout le voyage. L'asile étant à deux kilomètres du village, Meursault termine le trajet à pied. Après les formalités, il a une entrevue avec le directeur de l'asile, qu'il écoute d'une oreille distraite. Ce dernier lui indique que sa mère n'était pas malheureuse à l'asile. Il lui annonce également que l'enterrement religieux est fixé au lendemain matin.
Puis Meursault se rend dans une salle blanchie à la chaux où se trouve entreposé le corps de sa mère mais il refuse de voir le corps . Il a une conversation avec le concierge. Cet homme bavard lui raconte sa vie et lui propose de dîner au réfectoire. Meursault, décline l'invitation. Le concierge lui offre alors un café au lait que Meursault accepte.
Puis a lieu la veillée, interminable : les amis de sa mère, tous semblables, y assistent. Ils s'installent autour du cercueil et laissent échapper des bruits bizarres de leurs bouches édentées. Une vieille femme pleure sans cesse. Meursault a la désagréable impression que ces vieillards sont là pour le juger.
Le jour se lève. Meursault admire la beauté de ce nouveau matin. Après une toilette rapide et un nouveau café au lait que lui a préparé le concierge, le narrateur se rend chez le directeur où il accomplit de nouvelles formalités administratives. Puis le cortège funèbre se rend vers l'église du village, située à trois quarts d'heure de marche. Un vieillard suit péniblement le cortège, il s'agit de Thomas Pérez, un compagnon d'asile de la mère de Meursault. les voisins se moquaient d'eux en les appelant "les fiancés". La chaleur est insoutenable. L'enterrement défile comme un songe dans l'esprit de Meursault : l'église, le cimetière, l'évanouissement du vieux Pérez, l'attente, puis la joie quand l'autobus le ramène enfin à Alger.
Meursault a enterré sa mère sans larmes et n'a pas voulu simuler un chagrin qu’il n’éprouvait pas.
A son réveil , le samedi, Meursault essaye de comprendre le mécontentement de son patron : deux jours de congé pour l'enterrement de sa mère , puis les deux jours de week-end, cela fait quatre jours d'absence. Désœuvré, Il décide d'aller se baigner au port. Il y rencontre par hasard Marie Cardona, une ancienne dactylo de son bureau dont il avait "eu envie à l'époque". Ils nagent, s'amusent dans l'eau. Leurs corps s'effleurent. Puis ils s'endorment ensemble sur une bouée, Meursault posant sa tête sur le ventre de Marie. Quand ils se rhabillent, Marie découvre , en voyant sa cravate noire, que Meursault est en deuil. Elle montre sa surprise lorsqu'elle apprend qu'il a perdu sa mère la veille. Le soir, ils vont au cinéma voir un film de Fernandel. Pendant la séance il lui caresse les seins et l'embrasse. Ils passent la nuit ensemble. Le dimanche matin elle part avant son réveil. Meursault reste au lit toute la matinée à fumer des cigarettes. Le midi il fait cuire des œufs et les mange à même le plat. Désœuvré, il passe tout l’après-midi à son balcon, et observe les allées et venues des gens de son quartier. Le soir, "j'ai pensé que c'était toujours un dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j'allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n'y avait rien de changé".
Le lundi, Meursault retourne au bureau. Après une matinée banale, il déjeune comme d'habitude chez Céleste avec son collègue Emmanuel. Puis sieste chez lui, et retour au bureau en tram, où il travaille "tout l'après-midi"; le soir, le plaisir simple de rentrer chez lui en marchant le long des quais.
Dans l'escalier de son immeuble, Meursault rencontre le vieux Salamano, son voisin de palier, accompagné de son chien, un épagneul couvert de croûtes, qui ne le quitte pas, et qu'il injurie ; cela fait huit ans que Meursault assiste quotidiennement à cette scène immuable. Puis dès qu'il a quitté Salamano, son autre voisin de palier, Raymond Sintès, l'invite à venir "manger un morceau" avec lui ; soupçonné d'être un souteneur, ce voisin a mauvaise réputation. il porte ce soir-là un pansement à la main : il s'est fait blesser au cours d'une rixe dont il fait le récit . Raymond Sintès se confie à Meursault : l'homme avec qui il s'est battu est le frère d'une femme qu'il "entretient ", et qu'il veut punir parce qu'il s'est aperçu " qu'il y avait de la "tromperie". il veut lui écrire une lettre, pour la faire revenir, et ensuite l'humilier. Il demande à Meursault de rédiger cette lettre et ainsi l'aider à réaliser sa vengeance . Meursault l'écrit. Raymond est satisfait et reconnaissant : "Maintenant, tu es un vrai copain".
La semaine s'achève. Meursault a bien travaillé. C'est samedi, il retrouve Marie. Ils prennent le bus pour aller à la plage située à quelques kilomètres d'Alger. Le soleil ; l'eau, le goût du sel, et les jeux amoureux dans les vagues : " Sa langue rafraîchissait mes lèvres et nous nous sommes roulés dans les vagues pendant un moment." Tous deux reviennent chez Meursault : "J'avais laissé ma fenêtre ouverte et c'était bon de sentir la nuit d'été couler sur nos corps bruns".
Le dimanche matin, Marie est restée. Elle souhaite savoir si Meursault l'aime ? Il lui " a répondu que cela ne voulait rien dire, mais qu'il (lui) semblait que non." Marie a eu l'air triste, puis la bonne humeur est revenue. C'est à ce moment-là, qu'ils entendent les bruits d'une dispute chez Raymond ; celui-ci frappe une femme en l'injuriant. Meursault et marie sortent sur le palier. L'arrivée d'un agent met fin à la dispute. La fille accuse Raymond d'être un souteneur, ce qui lui vaut d'être convoqué au commissariat.
Après le départ de Marie, vers 13 heures, Meursault dort une peu. Puis Raymond vient le voir. Il est heureux de sa vengeance et lui demande de venir témoigner. Meursault accepte. Ils sortent ensemble l'après-midi. Meursault trouve que "c'est un bon moment". À leur retour, ils trouvent Salamano sans son chien. Le vieil homme est complètement désemparé et leur explique comment celui-ci s'est sauvé. Les deux hommes le rassurent et lui indiquent que le chien a pu s'égarer, mais qu'il allait revenir.
Le soir, Salamano vient rendre visite à Meursault,. "Puis il m'a dit : "Bonsoir". Il a formé sa porte et je l'ai entendu aller et venir. Son lit a craqué. Et au bizarre petit bruit qui a traversé la cloison, j'ai compris qu'il pleurait. Je ne sais pas pourquoi j'ai pensé à maman".
Meursault est au bureau et Raymond l'appelle pour les inviter lui et Marie à passer le dimanche suivant chez un ami, dans un cabanon au bord de mer, près d'Alger. Raymond lui indique aussi que toute la journée un groupe d'Arabes l'a suivi, parmi lesquels se trouvait le frère de son ancienne maîtresse.
Peu après le patron de Meursault le convoque. Il propose de l'envoyer à Paris où il envisage de créer une agence. Meursault montre peu d'enthousiasme et son patron lui reproche son indifférence et son manque d'ambition.
Le soir Marie vient chercher Meursault et lui demande s'il veut se marier avec elle. Meursault lui explique que cela n'a aucune importance et que si elle désire ils peuvent très bien se marier. Puis les deux amants se séparent car Marie " avait à faire".
Dîner chez Céleste, à la même table qu'une petite femme affairée qui a un comportement d'automate. De retour chez lui, sur le pas de la porte, Meursault retrouve Salamano, qui lui annonce que son chien est définitivement perdu. Ils évoquent le chien, puis Salamano parle de sa jeunesse, de son ambition d'alors, de sa femme et de chien qu'il avait acquis à la mort de celle-ci. Puis il évoque la mère de Meursault : dans le quartier, on l'a mal jugé quand il l'a mise à l'asile, mais lui, Salamano, connaissait bien Meursault et il savait qu'il aimait beaucoup sa mère. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient, les deux hommes échangent une poignée de main.
Le dimanche. Marie appelle Meursault et le réveille. Ils frappent ensuite à la porte de Raymond. La veille, Meursault a témoigné au commissariat que la fille avait "manqué" à Raymond. Marie est heureuse de passer la journée au bord de la mer avec Meursault. Au moment où ils vont prendre l'autobus, Raymond aperçoit sur le trottoir d'en face un groupe d'Arabes ( dont le "type" de Raymond) qui les regardent . Ils prennent l'autobus pour se rendre chez l'ami de Raymond, Masson, un grand gaillard sympathique. C'est en plaisantant qu'ils arrivent au cabanon de Masson, situé à l'extrémité de la plage. Il attend ses invités en compagnie de sa femme, une "petite femme ronde à l'accent parisien". Masson , Meursault et Marie partent se baigner. Meursault et Marie nagent ensemble ( " nous nous sentions d'accord dans nos gestes et dans notre consentement") puis s'allongent au soleil. Le déjeuner est arrosé, il est encore tôt et l'éclat du soleil sur la mer est insoutenable. Pendant que Marie aide Mme Masson à faire la vaisselle, Meursault, Raymond et Masson vont se promener sur la plage. Tout au bout, ils aperçoivent soudain deux Arabes. "C'est lui", dit Raymond reconnaissant son adversaire. Raymond frappe " son type" et Masson s'occupe de l'autre. Meursault ne prend pas part à la bagarre. L'un des Arabes a tiré un couteau, Raymond est blessé, sans gravité. Il part se faire soigner chez un médecin . Meursault, lui , reste avec les femmes. A son retour, vers une heure et demie, Raymond retourne sur la plage, Meursault l'accompagne. Les deux Arabes sont encore là, allongés près d'une source. Raymond provoque son adversaire mais Meursault , par précaution, l'oblige à lui remettre son revolver. Les deux Arabes se retirent tranquillement. La chaleur est insoutenable. A peine de retour au cabanon, Meursault éprouve le besoin de revenir se promener sur la plage, et il se dirige vers le coin ombragé de la source pour y trouver un peu de fraîcheur. Le "type" de Raymond est revenu. Du fait du soleil écrasant, Meursault va vivre la suite des événements dans une espèce de semi-conscience ; il serre le revolver de Raymond dans sa poche, envisage de faire demi-tour, mais sent la plage "vibrante de soleil" qui se presse derrière lui ; l'Arabe tire son couteau, la lumière gicle sur l'acier ; les yeux aveuglés de sueur, la main de Meursault se crispe sur le revolver, le coup part. "C'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais sur la porte du malheur".

Deuxième partie

Meursault est arrêté et subit plusieurs interrogatoires au commissariat, puis chez le juge d'instruction. Trouvant son affaire " très simple" Meursault ne juge pas utile de prendre un avocat. On lui en désigne un d'office. Il questionne Meursault sur sa mère et les sentiments qu'il avait pour elle. Les propos à la fois sincères et naïfs de Meursault gênent son avocat. Nouvel interrogatoire chez le juge. Il lui demande lui aussi s'il aimait sa mère. Il souhaiterait également comprendre pourquoi il a attendu entre le premier et les quatre autres coups de feu. Meursault ne manifeste aucun regret, et reste muet. Le juge, lui, est fébrile. Il invoque Dieu et le Christ et brandit un crucifix. . L'instruction, va durer onze mois. Maintenant que l'avocat y assiste , Meursault a l'impression d'en être un peu exclus " Le juge discutait des charges avec mon avocat. Mais en vérité, ils ne s'occupaient jamais de moi en ces moments-là".
Le jour de son arrestation, Meursault se retrouve enfermé avec d'autres prisonniers. Puis très vite, il se retrouve seul dans une cellule. De sa fenêtre, il peut voir la mer. Visite de Marie au parloir. Le bruit des autres conversations de prisonniers couvre les paroles de Marie. Meursault a du mal à se concentrer . Il ne lui répond que par des monosyllabes. Pourtant , il aimerait tant la prendre dans ses bras.
Puis Marie lui envoie une lettre, ce sera l'unique. Meursault souffre au début de cette privation de liberté . La mer lui manque, il a envie de cigarettes, il a des désirs de femme. Puis il s'habitue peu à peu aux privations et ne se trouve "pas trop malheureux". Pour tuer le temps dans sa cellule : il dort, il lit, il songe à ses souvenirs, et lit et relit un fait divers trouvé par hasard sur un vieux morceau de journal sous son matelas. Un soir il se regarde dans le miroir de sa gamelle : " Il m'a semblé que mon image restait sérieuse, alors même que j'essayais de lui sourire."
Le procès aux assises a lieu en juin. "Les débats se sont ouverts avec, au dehors, tout le plein de soleil." .Le matin, Meursault se confie à un gendarme et lui avoue l'intérêt qu'il éprouve à assister à un procès. Il n'a jamais eu l'occasion d'y participer. La salle du tribunal est bondée. On se presse pour le voir. Meursault découvre l'assistance depuis son box d'accusé . il y a les jurés alignés comme sur une banquette de tramway, les journalistes, la cour, les témoins. Les rires, la fébrilité qui règne dans cette salle, et les conversations semblent l'exclure : il se sent de trop.
Entrée de la cour. La séance débute par des questions administratives, puis c'est l'énoncé des faits. Le président interroge Meursault sur sa mère, sur le meurtre de l'Arabe. Les témoins défilent les uns après les autres : le directeur de l'asile, le concierge, Thomas Perez. Le tribunal apprend que Meursault n'a pas pleuré à l'enterrement de sa mère, qu'il a refusé de la voir une dernière fois, et qu'il a fumé dans la morgue. La salle est déconcertée, le procureur, lui, savoure sa victoire. Céleste, vient à la barre et peut juste confier que ce qui arrive à Meursault est un "malheur" ; il ne peut en dire plus. Harcelée par le procureur, Marie avoue que sa "liaison irrégulière" avec Meursault date du lendemain de l'enterrement, et qu'ils sont allés le soir même de leur rencontre voir un film de Fernandel. Puis elle craque, parce " qu'on la forçait à dire le contraire de ce qu'elle pensait." Le procureur en conclut "que le lendemain de la mort de sa mère, cet homme prenait des bains, commençait une liaison irrégulière et allait rire devant un film comique." Le tribunal accorde ensuite peu d'attention aux témoignages de Masson et de Salamano . Puis l'avocat général révèle à la cour que Raymond est un "souteneur" ; Meursault a écrit la lettre qui est à l'origine du drame, il a fourni un témoignage de complaisance en faveur de Raymond : ces deux hommes sont complices, et le crime de Meursault est évidemment un crime crapuleux. Les derniers propos du procureur sont accablants : "J'accuse cet homme d'avoir enterré sa mère avec un cœur de criminel". L'avocat proteste. A la réaction de son avocat, Meursault comprend que le procès tourne mal. Puis l'audience est levée, Meursault regagne sa cellule.
Meursault se sent exclu de ce procès, aussi bien des plaidoiries de son avocat que celles du procureur. Il assiste au procès comme s'il y était étranger. On parle de lui, mais sans jamais lui demander son avis. Quelques points cependant éveillent son intérêt. Ainsi le procureur qui l'accuse d'avoir prémédité son crime. :l'indifférence qu'il a manifesté à la mort de sa mère prouve son "insensibilité" . Le procureur va même jusqu'à assimiler son crime à celui du parricide qui sera jugé le lendemain : Meursault est un monstre, qui n'a "rien à faire avec une société" dont il méconnaît "les règles les plus essentielles". Emporté par sa démonstration, le procureur réclame la tête de l'accusé. Le président demande ensuite à Meursault s'il souhaite apporter un commentaire. Pour la première fois, l'accusé demande la parole. Il indique qu'il n'avait pas l'intention de tuer l'arabe et que ce crime a eu lieu à cause du soleil. Il prend conscience du ridicule de la situation : la salle éclate de rire.
L'avocat plaide les circonstances atténuantes. Il vante les qualités morales de Meursault. Mais celui-ci est ailleurs, il ne l'écoute plus ; sa vie lui revient en mémoire. Il éprouve une grande lassitude. Puis on s'empresse autour de son avocat pour le féliciter. Pendant les délibérations ce dernier se montre confiant, il croit en un verdict favorable. Une longue attente, un brouhaha, le silence de la salle, enfin le président fait lecture de la condamnation : Meursault aura "la tête tranchée sur une place publique au nom du peuple français".
Meursault refuse pour la troisième fois de voir l'aumônier. Il pense au "mécanisme implacable" qui le conduira à la mort, à ses chances de s'y soustraire. Apprendre qu'une seule fois, la roue s'est arrêtée, que le condamné à mort est parvenu à s'échapper, lui suffirait : " mon cœur aurait fait le reste". Il se souvient de son père qui avait assisté à une exécution capitale. Lui s'il était libre, il irait assister à toutes. Il pense à tous éléments de la mise en scène : la guillotine, l'aube ... Meursault sait que c'est à l'aube que les bourreaux viendront le chercher. Lorsque le matin arrive, il sait qu'il a gagné un jour de sursis supplémentaire. Il lui arrive même de songer à l'éventualité d'une grâce. Cette pensée le remplit d'une joie insensée.
Meursault pense à Marie, qui a cessé de lui écrire, quand l'aumônier pénètre dans sa cellule. La conversation s'engage entre les deux hommes. Les paroles de douceur et d’espoir de l'aumônier mettent Meursault hors de lui. L'aumônier insiste pour que Meursault se repente, mais le condamné à mort lui répond qu'il ne sait même pas ce qu'est le péché. En le quittant l'aumônier indique à Meursault son intention de prier pour lui. Meursault se précipite sur l’aumônier, le saisit au collet et l’insulte. Après son départ, Meursault retrouve le calme et se laisse transporter par la nuit estivale : "Devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine".

Un rêve De C. Bastère-Rainotti


Il y a un mois, je dînai avec Lazlo.
Lazlo est un compositeur et un musicien de grand talent. Moi, je trouve qu'il aurait pu être connu et apprécié d'un plus large public s'il s'en était donné la peine.
Lui n'a pas ce genre de préoccupation. Il aurait eu la révélation singulière d'être prédestiné à la gloire. Son heure viendra, c'est écrit. Il croit aux songes, aux signes. Ses musiques, il les rêve, il a des " intuitions ".
Il fréquente assidûment les officines des tireuses de cartes. Comme les chats, les yeux mi-clos il palpe
l'invisible avec délectation. Il ronronne et s'endort bien aise, dans la chaleur du feu mystique.

En 1909, il est devenu un chaud partisan du spiritisme et de la " religion-scientifique " d'Allan Kardec.
Depuis, il participe à des groupes de travail où le ciel et l'enfer sont étudiés avec beaucoup d'assiduité à grand renfort de tables tournantes.
Bien qu'ils soient des inconditionnels de la réincarnation qui tendrait à prouver que le réservoir des esprits se vide régulièrement pour remplir ce monde, ils trouvent néan-moins à qui parler.
Ils papotent aussi bien avec Jules César qu'avec le bougnat du coin mort l'année dernière.
Chacune de leurs conquêtes spirites (que d'aucuns esprits grossiers qualifient de spirituelles) éclaire
l'océan d'ignorance crasse dans lequel nous baignons.

Lazlo a plusieurs cordes à sa harpe : il croit dur comme fer à la combustion spontanée qui vous brûle son bonhomme en un clin d'œil mais épargne le fauteuil sur lequel il est assis.
Il a des théories tout à fait intéressantes sur le port bénéfique de telle ou telle pierre (précieuse ou non) selon les jours de l'année et les projets en cours.
Il jouit de facultés superfétatoires : la cécité subite, la surdité immédiate et l'incompréhension totale, qu'il développe à chaque fois qu'il lui est utile d'ignorer, de gommer, le moindre fait patent qui contredirait ses convictions mystico - ésotériques.
Il tient en réserve des dizaines d'histoires étranges mais vraies qui lui sont personnellement arrivées ou sont advenues à d'autres joyeux drilles de sa bande.
Au cours d'un dîner, d'une réception, il les livre volontiers à de pauvres innocents en mal d'exotisme.
J'ai souvent été le témoin amusé des réactions provo-quées sur son auditoire.
Elles se traduisent, pour une partie par l'incrédulité suivie d'une révolte cartésienne, ou d'une frousse bleue que seule la bonne éducation tempère en empêchant les gens qui en sont la proie de claquer soit la porte d'entrée soit celle des lieux d'aisance.
Pour une autre partie c'est le coup de foudre et l'adhésion inconditionnelle à ses chimères.
Je regarde ces convertis : ils ont la certitude d'ouvrir de nouvelles voies à une religion mal comprise.
L'effort est méritoire et probablement justifié.
Piètre est le résultat qui consiste à dire aux vivants :
"Prenez exemple sur les morts".

Pas plus qu'ils ne cherchent à démontrer de manière irréfutable le bien-fondé de leurs recherches, ils ne songent à mettre en doute l'occultisme en tant que tel puisque de grands hommes tels que Victor Hugo dans le passé ou Camille Flammarion dans le présent en sont les chantres les plus distingués et les plus convaincus.
Je crains fort que dans ces conditions le spiritisme demeure pour longtemps le hochet de quelques
désœuvrés et un sujet tabou pour le monde scientifique.
Lazlo se conduit comme le Prométhée de ce vingtième siècle commençant.
A ce titre, il m'agace, il m'amuse, il m'intrigue, il m'émeut. Sans ordre de préférence.
Je l'écoute. D'abord parce que j'aime les contes de fées.

Ensuite parce que j'ai beaucoup d'indulgence pour mes amis.
Enfin parce que, de temps en temps, je pense qu'il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre et je ne voudrais pas être celui-là.
Donc, il y a un mois, je dînai avec Lazlo.
Bonne chère et vins fins, j'étais dans cette douce
euphorie de fin de repas quand Lazlo me dit :
-" J'ai signé pour une tournée de concerts en Amérique.
Je pars dans un mois pour New-York."
-" Lazlo ! Tu vas quitter la France, tes habitudes, tes distingués frères en spiritisme pour faire de la musique ?"
-" Il faut toujours que tu tournes tout en ridicule. C'est fatigant à la fin ! "
-" Penses-tu ! " fis-je en éclatant de rire.
-" Va, tu peux rire. N'empêche… "

-" N'empêche quoi ? Qu'il était temps que tu sortes de l'ornière dans laquelle tu t'es fourré ? "
-" Bref, tu te moques complètement de ce que je viens de te dire. Que je parte ou que je reste c'est du pareil au même : tout est sujet à sarcasme."
-" Allez, mon vieux ! Ne monte pas sur tes grands chevaux. Je suis heureux que tu t'en ailles, ça te va
comme ça ? "
-" Tu te fous de moi, là ? "
-" Certainement pas. Je le répète : je suis heureux que tu t'en ailles. Sers-moi donc un verre de ton cognac je vais t'expliquer ce que je pense. Pendant que tu es debout attrape un des bouquins de Monsieur Rivail,
je te prie. "
-" Qu'est-ce que tu veux faire avec ? "
-" Avec le cognac ? Je vais le boire. Quant au livre, je vais l'ouvrir au hasard et je vais nous régaler de la lecture de quelques lignes. "

Lazlo poussa un gros soupir résigné et fit ce que je lui demandais.
Le recueil qu'il me passa était " le Livre des Esprits " sous-titré : Les principes de la doctrine spirite selon l'enseignement donné par les Esprits Supérieurs.
Recueillis et mis en ordre par Allan Kardec (pseudonyme de H.L. Rivail).*
- " Bon. Tu es prêt ? J'ouvre. Voilà, je lis page 331 :
" Que la mort arrive par un fléau ou par une cause ordinaire, il n'en faut pas moins mourir quand l'heure du départ a sonné. La seule différence est qu'il en part un grand nombre à la fois. " Je levai les yeux vers Lazlo. Il était décontenancé.
-" Je continue ? "


-" Si tu veux, mais je ne… "
-" Je continue :
" Si nous pouvions nous élever par la pensée de manière à dominer l'humanité et à l'embrasser tout
entière, ces fléaux si terribles ne nous paraîtraient plus que des orages passagers dans la destinée
du monde
"
Je refermai le volume en faisant claquer les pages.
-" Hein ? C'est tapé comme message. La peste
bubonique ? Broutilles ! Un coup de grisou au fond de la mine ? La rosée du matin ! Des milliers de morts ?
Elevons nos âmes mes frères : quand c'est l'heure, c'est l'heure.
La seule différence est qu'il en part un grand nombre à la fois. Dis-moi, à ce compte-là, puisqu'il ne s'agit que d'orages passagers, comment justifier le travail des savants, des philosophes, des humanistes ?

Pourquoi ne se couchent-ils pas tout bonnement en attendant la fin des temps ? "
C'était une petite passe à fleuret moucheté, mais le coup porta :
-" Ah, mais, pardon, pardon mon cher François. Si tu avais seulement connaissance des messages lumineux que nous recevons sur l'évolution de l'humanité et la nécessité du Progrès (je sentis bien qu'il disait progrès avec un P majuscule) tu saurais à quel point tu te montres injuste. Mais tu n'as jamais daigné lire d'un bout à l'autre un seul ouvrage de spiritisme.
Maintenant, tu ouvres un livre au hasard, tu extrais une phrase ou deux de leur contexte et tu te permets d'en tirer des conclusions que tu voudrais rendre définitives. C'est trop facile."

-" Facile n'est pas le mot, lui répondis-je. Disons que depuis trois ans je suis attentif à tes recherches nécrologiques. Oui, oui, tu n'aimes pas ce terme, mais ne m'interromps pas. Je t'ai vu user de ton
libre-arbitre pour consacrer de plus en plus de temps à traquer des ombres et de moins en moins d'énergie à la création musicale.
Or, s'il existe bien une vie de l'âme, je suis persuadé que la musique est un de ses aspects les plus purs.
J'écoute depuis des mois d'une oreille désolée non pas le fruit de ton talent mais les rapports détaillés
de séances occultes.
Ainsi tu m'as épargné l'ennui d'une lecture fastidieuse. Me les aurais-tu donnés, ces livres que je m'en serais servi pour caler une porte ou un pied de table.

Ce n'était pas facile de te voir dévoyer ton nom et galvauder le don que tu as reçu.
Par contre, tu as amplement augmenté le dégoût que j'ai pour les sectes et tout ce qui s'y apparente.
Voilà ce que je voulais t'expliquer et pourquoi je suis content que tu partes. Ou plutôt que tu reviennes dans ton vrai monde, celui de la musique. "
Lazlo resta silencieux un instant.
-" Puis-je te poser une question, François ? "
-" Pose mon ami, pose ! Je n'ai rien à te refuser à la veille d'une si longue séparation. "
-" Tu ne crois donc en rien ? " me dit-il d'une voix navrée.

Fou-rire quand tu nous tiens !
Jusque là, j'étais comme un homme perché sur la plus haute montagne qui crierait pour se faire entendre des habitants de la lune sans avoir conscience de l'inanité de ses efforts.
Je réalisais enfin à quel point nous nous étions éloignés l'un de l'autre et je riais de ma témérité à penser que l'écho de mes paroles pouvait encore l'atteindre :
-" Excuse-moi Lazlo, croire quoi ? "
-" Mais… Croire à la vie après la mort, à la survivance des liens tissés sur terre, par exemple. "
-" Quand je te demande s'il y a du café, si tu me réponds
que tu crois qu'il en reste dans la cafetière c'est que tu n'en es pas sûr. "
-" C'est une pirouette oratoire ou un message sibyllin ? "
-" Ni l'un ni l'autre. Dans le domaine de la spiritualité, c'est la seule acception possible du verbe croire.

Je peux dire que je crois en tout. Je n'ai foi qu'en mes certitudes et encore pour un temps assez court...
Puisqu'elles peuvent être remises en question à tout moment. "
-" Cela veut donc dire que toi aussi tu te poses des questions, tu réfléchis, tu cherches ! "
-" Je te remercie de reconnaître que je ne suis pas complètement crétin même si je ne porte pas en place publique le résultat de mes cogitations. "
-" Pourquoi ne m'en as-tu jamais parlé, sachant que le sujet me passionne ? "
-" Parce qu'il te passionne justement. Il y a trop de monde, trop de bruit, autour d'un tronc commun de
superstitions tenaces là où il faudrait l'hygiène et la précision chirurgicale. Parce que tu as choisi un
processus contemplatif qui ne convient pas à l'action et flatte l'indolence. Parce que tu aimes le merveilleux et que je préfère la vérité. "

-" Je ne te comprends pas François. "
-" Je n'en doute pas. " lui répondis-je et je ne pus m'empêcher de sourire.
-" Pourquoi ris-tu ? "
-" Je ne ris pas, je souris. "
-" Alors pourquoi souris-tu ? "
-" Je pense bien souvent qu'il serait très agréable d'avoir la certitude d'un monde meilleur, d'être sûr de ne jamais perdre ceux qu'on aime, suivant les préceptes de Monsieur Kardec. Si c'était le cas, nous verrions des enterrements follement gais, des messes de funérailles délirantes,
des repas-dansants d'après inhumation et pourquoi pas des cimetières-guinguettes où nous irions pique-niquer en étalant la nappe à carreaux sur le marbre de la tombe et boire un coup à la santé du mort-pas-mort.


Nous n'aurions plus qu'une hâte : les rejoindre. "
-" Mais tu frises l'inconvenance ! s'écria Lazlo un peu ébouriffé. Que fais-tu du respect dû aux défunts ? "
-" Et toi, que fais-tu de celui dû aux vivants ? Homme de peu de foi ! Grattez le vernis de l'apôtre, vous verrez apparaître le bourgeois. "
-" Oh ! "
-" Oh, toi-même ! Je ne doute pas un instant de votre sincérité et du zèle que vous mettez à soulager les misères d'ici-bas. Mais si votre doctrine devait toucher de manière efficace les plus démunis d'entre nous, je me demande comment vous pourriez endiguer la vague monstrueuse de suicides qui s'ensuivrait. "
-" Faux, archi-faux ! Le suicide est considéré comme la pire des actions. Celle qui fait rétrograder le plus dans le cycle des renaissances. "
-" Oui… Vous aussi vous prêchez la résignation et l'endurance à la douleur. Vous avez vos médailles et vos héros. Il faut bien des garde-fous. Ne serait-ce que pour conserver des forces vives à la nation. "

Ce dialogue de sourds dura encore quelques minutes puis, la nuit étant déjà bien avancée je pris congé de Lazlo après lui avoir fait promettre de me tenir réguliè-rement au courant des évènements de sa tournée américaine.
J'étais obligé, le surlendemain, de me rendre en province pour trois semaines au moins et je savais ne
pas pouvoir le rencontrer une autre fois avant son départ pour New-York. Je le quittai sur le perron de sa maison, nous échangeâmes une poignée de mains longue et chaleureuse :
-" Je te souhaite bonne chance, mon ami. "
-" Merci. Je sais que tu le penses. "
-" Assurément. Au revoir et écris moi ! "
Je suis rentré chez moi au début du mois. Un billet de Lazlo m'attendait sur lequel il avait noté :
"Je ferai mieux que t'écrire : je viendrai te voir en esprit."
Décidément, pensais-je, il ne désarme jamais.

Aujourd'hui lundi 15 avril 1912.
Au milieu de la nuit, je me suis réveillé en sueur avec l'impression pénible d'un danger imminent.
L'angoisse m'oppressait au point que mes poumons assuraient à grand' peine leur fonction. J'ai allumé, bu la moitié de la carafe d'eau, fait les cent pas.
J'étais incapable de me raisonner et d'écarter de moi la terreur qui m'habitait.
Je me suis recouché et j'ai fini par me rendormir.
J'ai rêvé de Lazlo.
Un Lazlo désespéré, aux traits tordus par la souffrance et l'horreur.
-" C'est terrible, François, terrible. "
-" Où es-tu, lui criais-je. Attends-moi, je viens. "

-" C'est trop tard, me répondit-il. J'ai peu de temps. Je n'irai pas en Amérique. Je voulais que tu saches que j'ai joué pour eux. J'ai joué François.
J'ai fait de la musique pour tous ceux qui sont morts dans cette terrible catastrophe."
-" Lazlo, attends, attends ! "
Mes appels restèrent sans réponse. Dans mes oreilles cette ritournelle :
" Terrible catastrophe, …morts dans cette terrible catastrophe ".
Je réalisai enfin qu'il faisait jour.

Dans la rue, les vendeurs de journaux braillaient une nouvelle sensationnelle :
" Naufrage du Titanic ! En route pour New-York, l'insubmersible a coulé cette nuit au sud de Terre-Neuve !
Mille cinq cents morts dans cette terrible catastrophe ! "
" Que la mort arrive par un fléau ou par une cause ordinaire, il n'en faut pas moins mourir quand l'heure du départ a sonné. La seule différence est qu'il en part un grand nombre à la fois. "


FIN

Pourquoi tu m'aimes


" Pourquoi tu m'aimes ? " ... Question à dix mille euros.
Vous préférez l'appel à un ami ou le cinquante-cinquante ? A chaque
fois qu'elle me posait cette question, je la regardais et je réfléchissais.
Quel con ! Je ne savais jamais quoi lui répondre. Alors je lui disais :
" Je t'aime... Parce que je t'aime. "

Elle souriait, m'embrassait dans le cou et me sortait un de ses
habituels " T'es bête. " Et on restait là, moi remettant ses cheveux
derrière son oreille, elle me caressant la nuque.

Ou bien en hiver ! Elle avait froid et je lui passais mon manteau,
comme un vrai gentleman, même si je me les pelais après. Mais
comme je savais qu'elle avait chaud, le reste, je m'en foutais.

Y'avait aussi ses mimiques, quand je faisais un truc bien pour elle.
Elle me regardait dans les yeux. Alors moi, je la regardais aussi.
On restait comme ça, une minute, à se regarder. Yeux verts dans
yeux noirs. Elle esquissait un petit sourire en me disant " merci. "
C'était frais, gêné, touchant. C'était... C'était elle.

Des fois je la titillais. Elle me boudait un peu et me tapait sur l'épaule
jusqu'à ce que ça fasse mal…pour elle. Alors je la prenais dans mes
bras et elle glissait ses mains sous mon pull, et plaquait ses mains
gelées sur mon dos… Elle rigolait.

Quand elle voyait des tulipes dans un jardin, elle était aux anges !
Moi, je trouvais un peu stupide de faire tout un monde pour une fleur.
A croire qu'elle préférait plus les fleurs que moi...
Enfin, je dis ça, mais j'adorais ces moments. Elle. Moi. Et puis plus
rien autour.

Et un jour tout a déconné à cause de l'autre abruti avec sa Renault 21.

On devait se voir pour fêter les trois ans de notre rencontre. Eh oui,
trois ans, on dirait pas ! On s'était donné rendez-vous au café des
Jardins. Elle ne voulait pas trop, j'ai insisté. Je n'aurais pas dû. Je
lui avais acheté une tulipe de chaque couleur et une bague en
argent, que j'avais repérée depuis cinq mois et onze jours.
Elle était cachée dans la tulipe violette.

Comme j'avais dix minutes d'avance, j'ai commandé un chocolat
chaud.
J'attendais. Tête-à-tête avec mon chocolat chaud.
J'attendais. Tête-à-tête avec mon chocolat froid.
Vingt minutes plus tard, mon téléphone sonne. C'était elle. Elle me
dit qu'elle arrivait et qu'elle avait eu quelques problèmes, mais rien
de grave, qu'elle me raconterait après. Cet " après ", n'est jamais
venu.

J'ai commencé à boire le seul compagnon que j'avais depuis vingt
minutes. Quelques instants plus tard, pendant que je grattais le
sucre au fond de ma tasse, je l'ai vue. Elle avait son long manteau
qu'elle ne mettait que de temps en temps, et son écharpe rouge.
Elle était près du cinéma.
Entre le ciné et le café, y'a une petite route où presque personne
ne passe.

Je m'étais levé et, collé à la vitre, je la regardais. J'adorais quand
elle courait. Je l'adorais aussi. Elle.

Et c'est là que le connard est arrivé.
Moi, collé à la vitre, la regardant ; elle, marchant à grand pas, me
regardant ; et l'autre qui roulait vite. Trop vite.
Il l'a accrochée.
Puis il a continué sa route. Comme ça.

J'ai… J'ai rien pu dire. Rien. J'ai voulu crier, taper contre la vitre,
mais je ne pouvais pas. Les gens sont sortis du café, d'autres
parlaient, et d'autres téléphonaient au Samu ou à je-ne-sais-trop-qui.

J'étais vidé. Impuissant. Anéanti. Seul. Je me suis laissé tomber sur
mon siège… Elle était allongée sur la route avec du monde autour.
Et moi, le seul truc que je trouvais à faire, c'était m'asseoir. Crétin.

Pourquoi je ne bougeais pas ? Pourquoi j'ai pas couru vers elle,
pourquoi je ne lui ai pas dit " ça va aller, je suis là "...
Non. Je restais sur mon siège, comme un idiot de dernière zone...
Pourquoi ? ... Questions auxquelles je n'aurais sans doute aucune
réponse.

Y'a la porte de sa chambre, plus loin, dans le couloir.
Étage cinq, chambre onze. Ses parents sont venus. Les médecins,
les infirmières, tout le monde entrait et sortait de sa chambre. Ils
peuvent pas la laisser seule, merde !
Moi, j'ose même pas entrer... Peur. Peur de qui, de quoi ? De la
voir, sur son lit avec les tuyaux et ce bip-bip ? Peur de pleurer (virilité
quand tu nous tiens...) ? Peur de la voir une dernière fois, parce que
je sais très bien que c'est la dernière fois.

Maintenant qu'il y a moins de monde, je m'aventure. Le bouquet de
tulipes dans la main droite, et la bague serrée dans l'autre poing. Je
m'approche, je pose les fleurs sur une table. J'ouvre sa main. Toute
petite. J'y dépose sa bague dedans. Je la referme. Je lui caresse les
cheveux. Et je commence.

" Je ne sais pas si tu m'entends, je le souhaite. C'est tout. Tu me
demandais, pourquoi je t'aimais. C'est tellement simple, tellement...
évident, que je n'y ai même pas pensé. J'aurais aimé te le dire en
face. Comme si j'avais besoin d'une Renault 21 pour te le dire ! Je
t'aime parce que tu sens bon, même si ce n'est que du shampooing.
Je t'aime parce que ta tête trouve toujours une place sur mon épaule.
La façon que tu as de m'embrasser fait que tout va bien dans le
monde, qu'il n'y a que toi... et moi. Ici. Là-bas. Ailleurs. J'adore voir
ton numéro qui s'affiche quand tu me téléphones. C'est pour ça que
je mets du temps à répondre... Quand tu souris. Lorsque tu glisses
entre mes bras pour pleurer. Parce que je m'ennuie de toi. Quand
on faisait des projets d'avenir un peu idiots... J'adore la manière
dont tu m'embrasses quand je te dis " je t'aime "... Parce que ta
main trouve toujours la mienne ou que tu as l'air d'un bébé quand
tu dors. Je t'aime car tu as toujours le dernier mot, parce tu as
toujours froid même s'il fait quarante degrés dehors. Je sais très
bien que c'est pour que je te prenne dans mes bras. J'adore quand
tu es jalouse et que tu me questionnes sur tout ou que tu ne me
lâches plus du regard en soirée, au cas où une autre soit un peu
trop près de moi. Lorsque tu dis " tu m'énerves, j'en ai marre ",
alors que je sais très bien qu'après... Ou bien quand tu me dis
" t'es bête ", ou quand tu passes trois heures à te préparer, mais
qu'après je vois que ça valait la peine. Quand tu me dis " je t'aime "
sans prononcer les mots, juste avec le regard... Je t'aime parce
que tu es moi... parce que tu es toi... "

Elle a souri. Un sourire timide. Enfin, je crois. Mais c'est peut-être
moi qui me le suis imaginé. Pendant que je parlais, les bips m'ac-
compagnaient. Je peux pas rester à côté d'elle, alors je lui murmure
" Au revoir ma nymphe, à tout à l'heure. Tu me rejoindras dans le
..couloir, quand tu seras réveillée ? "
Je dégage une mèche de ses cheveux et je lui fais une bise dans le
creux du cou. Je me dirige vers la porte, toujours avec les bips... Je
referme la porte, mais il n'y avait plus de bip-bip, seulement un long
biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip...
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